mercredi 16 février 2011









Y. comme Yves. Maintenant, j’ai le choix : ou bien évacuer Yves très rapidement pour satisfaire les curieux qui m’attendent au tournant avec le « Z », ou vous tenir en haleine avec un texte de dix huit pages qui laissera les curieux sans ongles ! Bon, je vais choisir de vous parler d’Yves comme je l’ai fait de mes autres amants de passage. 



Et oui, Yves n’a été qu’un amant de passage. Un parmi tant d’autres du temps où je pointais au rayon « grande consommation » ! J’ai connu la libération sexuelle, la dépénalisation de l’homosexualité, la baise à « couilles rabattues » et vécu l’arrivée du SIDA qui a tout changé. Il n’y a pas que le SIDA qui a fait évoluer les mentalités. Le fait de pouvoir vivre au grand jour une vie différente nous a permis de vivre comme tout le monde et le couple gay est généralement admis même s’il provoque encore certaines réticences. Nous sommes de plus en plus nombreux à vivre en couple, comme les hétéros, c’est à dire à faire un bout de chemin ensembles, en nous engueulant, nous trompant pour finir par un PACS en règle.  Les jeunes, à les écouter, vivent un calvaire le jour ou ils dévoilent leur homosexualité. De mon temps, comme dirait Papy, on n’osait même pas en parler, on n’osait même pas avoir l’idée d’en parler. Ils sont atterrés de ne pouvoir se promener dans la rue main dans la main, nous, on n’osait même pas sortir ensemble. Ils aimeraient pouvoir s’échanger des bisous n’importe où, nous on n’y pensait même pas hors de la chambre.  

Yves, pour revenir à lui, a été en effet un amant de passage mais un « coup » difficile à oublier. C’était dans les années quatre-vingt. Je l’ai rencontré dans une boite gaie. En général, les personnes qui fréquentaient ce genre d’établissement avaient déjà franchi un cap : elles savaient qu’elles aimaient les mecs et savaient qu’ici, elles ne rencontreraient que des personnes dans leur cas. Nous nous sommes rencontrés un samedi soir à « la mare aux diables », la plus ancienne boite gaie de la Provence. J’étais alors dans la région et je m’y rendais régulièrement. Il y avait la « danse du tapis » qui nous permettais d’ouvrir les yeux aux aveugles et d’embrasser de supers mecs en espérant qu’ils nous repèreraient. J’avais remarqué Yves et quand j’ai eu le tapis, c’est devant lui que je me suis agenouillé. Pour les plus jeunes, j’explique ! Vers une heure du matin, l’animateur de la boite distribuait une dizaine de tapis, celui qui en avait un allait au devant d’une personne de son choix, les deux se mettaient à genoux sur le tapis et s’embrassaient et celui qui avait été choisi prenait à son tour le tapis pour le présenter à qui il voulait. C’est pas génial, mais ça facilitait les rapprochements et dès qu’on arrivait en boite (à dix heures à l’époque !), on repérait le ou les mecs qui auraient droit à notre tapis si par hasard ce laissez-passer se trouvait entre nos mains. 

J’ai donc eu le tapis et l’ai déposé devant Yves ; J’ai pu l’embrasser très près de la bouche et il n’a pas dit non. Il a eu une seconde fois le tapis et est venu le déposer devant moi : c’était bon signe ! Et là, j’ai pu l’embrasser sur la bouche : c’était gagné.  

A la fin de la danse du tapis, je suis sorti dans le jardin, il m’a suivi et nous avons fait plus ample connaissance verbalement et tactilement (je sais, ce mot n’est pas français mais je l’aime et puis y’a pas que Ségolène qui a le droit d’en inventer, zut). Donc, pour faire court, le soir même il était dans mon lit. 

Et là, la surprise. Pas au niveau de la pratique parce que dès qu’on met deux mecs dans le même lit, si de plus ils sont homos, il n’y a que peu de créativité depuis deux mille ans si on excepte des gadgets ! Mais si ce gentil garçon est devenu inoubliable, c’est qu’à peine nos ébats terminés, il s’est mis à pleurer comme une pucelle prise en pleine masturbation. J’ai passé le reste de la nuit et le dimanche matin à le consoler et lui expliquer que ce qu’on avait fait n’était pas mal et qu’il n’y avait pas de mal à se faire du bien. Il a fini par se rendre à mes arguments et a accepté de repasser dans la semaine. 
Et là, bingo, ça recommence : on baise (enfin, je le baise), j’ai droit à une soirée pédé dans les règles de l’art et, à peine notre petit travail terminé : la pleureuse se met en marche ...et re nuit blanche à consoler Yves. 
 Il était beau, intelligent, attendrissant et j’en devenais petit à petit amoureux. Mais chaque rencontre, si elle se déroulait de façon plus qu’agréable, se terminait au keenex. 

 J’ai donc fini par renoncer, épuisé par le manque de sommeil.  

J’ai revu Yves il y a quelques mois. Il vit avec un mec (le week-end parce qu’ils travaillent à plus de cent kilomètres l’un de l’autre) et je me suis demandé s’il avait, enfin, fini par s’accepter ou s’ils avaient pris des actions chez Sopalin. Je n’ai pas osé le demander mais si l’un d’entre vous les connaît, je suis preneur du scoop ! 
 

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