vendredi 18 mars 2011

B comme Bertrand, tes seize ans, tes appels désespérés, ton beau corps d’ado et moi en face qui ne veut rien comprendre. B comme Brice une rencontre sans suite parce que sans intérêt, de ces rencontre dont on se dit en rentrant chez soi : « j’aurais mieux fait de me branler, j’aurais gagné deux heures ! », Bernardo l’italien aux beaux yeux et au doux regard …mais Rome, c’est loin ! B comme Benjamin, trop jeune, trop inexpérimenté pour une époque ou je n’avais pas une âme de prof (un petit regret après réflexion) et puis la série des Bernard : c’est fou comme les parents ont parfois peu d’imagination et suivent bêtement la mode ! Et parmi ces Bernard, toi, Le Bernard avec qui j’ai déliré tout un été à Paris. 

 C’est Lolo, un ex, qui nous avait présenté. Je pense qu’il voulait mettre un terme à une rupture qui n’en finissait pas : on ne s’aimait plus mais nos corps étaient encore attirés l’un vers l’autre et chaque rencontre se terminait sous la douche après une baise qui nous laissait épuisés mais comblés. Nous étions devenus des fuck friends ! On se connaissait par cœur, on savait qu’on ne serait jamais déçus et que même sans amour nous saurions nous rendre heureux et prendre ou donner du plaisir. 

Donc, un soir de bringue, Lolo m’a présenté Bernard. Un mec tout à fait particulier. Artiste, antiquaire à ses heures, prof de temps en temps, critique d’art pour ses loisirs et surtout le mec complètement imprévisible.  

Dans cette époque des années Mitterrand, après la dépénalisation de l’homosexualité tout nous semblait possible. Avec lui, tout devenait possible. C’est le premier qui m’a roulé une pelle dans un taxi sous les yeux effarés du chauffeur, le premier qui m’a persuadé que j’étais comme tout le monde, le premier avec qui je me suis promené main dans la main (dans le Marais je vous l’accorde, mais quand même, à l’époque, c’était osé !), le premier qui m’a présenté tout naturellement à ses amis, ses collègues et sa famille. 

Nous passions nos journées à traîner dans les musées ou les rues de Paris, j’y étais pour l’été et désirais tout connaître. Le soir, il s’arrêtait chez Fauchon ou chez Hédiard  et nous nous réfugions dans l’appartement que j’avais loué pour juillet et août.  

Et là, chaque soir, il me faisait découvrir des plaisirs nouveaux. Il était hyper imaginatif ! Un soir, j’ai dégusté une crêpe qu’il s’était enroulée autour de la verge (c'est marrant mais si vous essayez, inutile de la flamber), un autre soir il m’a léché le cul après l’avoir barbouillé de Nutella, une autre fois c’est le corps entier que j’ai eu couvert de confiture. Nous vivions nus et sans cesse j’étais l’objet de ses attentions, de son amour.  

Il m’a baisé pendant que je faisais la vaisselle doucement, délicatement ; il m’a sucé pendant que je téléphonais (si maman avait su ce qui se passait alors qu’elle me disait trouver que j’avais une drôle de voix!), et je me suis vengé en le sodomisant alors qu’il dictait, couché en travers du lit, sur dictaphone un texte à sa secrétaire. Plusieurs fois par jour nous nous retrouvions l’un avec l’autre, l’un sur l’autre, l’un dans l’autre. Nous baisions jusqu’à épuisement et recommencions dès qu’on avait récupéré. Il s’endormait lové contre moi, le sexe débandé entre mes fesses et dès que je le sentais reprendre vie et dureté, nous recommencions nos ébats. Nous étions jeunes et j’avais l’impression que l’été allait durer toujours. Ma vie se résumait, pendant ces vacances parisiennes à une recherche effrénée de sexe et de plaisirs.
 Ce plaisir était augmenté par le fait que tous les interdits tombaient.  



J’ai vécu avec lui deux mois de délires, sans entraves, sans tabous et avec d’intenses moments de bonheur. Mais l’été, les vacances, comme tout le reste a une fin et je suis rentré dans mon trou de province, on s’est téléphoné plusieurs fois par jour puis par semaine, puis de temps en temps et un jour je ne sais plus si c’est lui ou moi qui a cessé d’appeler mais il est resté pour moi le souvenir d’un été de rêve dans la capitale.
 

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